Chez Vous | Remettre de l'humanisme dans le travail et le management

Chez Vous | Remettre de l'humanisme dans le travail et le management

Entre les exigences et la rigueur du monde professionnel, la sérénité et le plaisir du travail s’en trouvent parfois bouleversés. Depuis plusieurs années, le bien-être au travail est revenu sur le devant de la scène comme un élément essentiel dans toute entreprise. La première clef vers un mieux-être professionnel ? L’humanisme.

L’humanisme est une notion vieille comme le monde, qui pourtant a échappé à bien des débats au cours des dernières décennies. Depuis quelques années maintenant, elle refait surface, avec vigueur, et tente de se faire une place pérenne jusque dans les sphères parfois abruptes de la vie professionnelle. 

Mais qui est-elle ? L’humanisme, c’est ce courant de pensée que l’on peut qualifier d’idéaliste et d’optimiste, qui replace l’Homme et l’humain au centre des choses, et célèbre les valeurs humaines. On y célèbre des qualités telles que la sincérité, la mesure et la maîtrise de ses actes et comportements, la critique juste, mais aussi un développement culturel, intellectuel et moral dans le respect de l’autre ou encore l’égalité entre tous, sans distinction. Dans la vie de tous les jours, l’humanisme peut se manifester de diverses façons : gentillesse, empathie, altruisme, bienveillance. Et si certains pourraient croire que l’humanisme n’a pas sa place dans un milieu professionnel ou entrepreneurial qui se fonde avant tout sur la performance et l’argent, ils pourraient bien avoir tort. 

 

Dans le livre “Humanisme et Management”, une table ronde avec Alain Anquetil, Jean-François Chanlat, Louis-Jérôme Texier, ces éminents spécialistes évoquent justement l’importance de celui-ci dans le milieu professionnel; plus précisément du management.

 

(Extrait pp 5-12)

Cet humanisme qui semble ressortir comme un idéal, peut-il s’appliquer au management ? Comment peut-on le mettre en pratique ?

Louis-Jérôme TEXIER : Le monde de l’entreprise, le monde du travail, est constitué d’hommes et de relations entre hommes. L’humanisme y a sa place. La question est : quelle est la nature et quel est le niveau de sa place ? On peut avoir deux approches complémentaires pour sa mise en pratique : celle qui relève du management général et celle qui relève du management de proximité. La première a évolué beaucoup au cours de ces dernières années et évolue encore de façon extrêmement rapide. On y retrouve aujourd’hui les valeurs, que tout DRH, porte de responsabilité sociale de l’entreprise, de gestion des ressources humaines durable. Dans les années 70, l’accent a été mis sur la formation, dans les années 80, sur le développement des compétences, l’employabilité, plus récemment dans les années 90 et 2000 sur l’égalité des chances, la diversité et tout récemment sur la notion de bien-être au travail ; la notion d’humanisme est derrière. Cela relève des politiques d’entreprise qui peuvent être mises en œuvre au titre du management général et sur lequel s’appuie le management de proximité. Mais au-delà de cela, on demande aussi aux managers de proximité de mettre en place des pratiques qui relèvent de l’humanisme dans la gestion de leurs équipes. Cela peut être des concepts simples comme la gestion des talents, la délégation, le développement de l’autonomie, la responsabilisation des personnes, le développement de l’initiative, qui s’inscrivent dans la notion de responsabilité sociale. Le paradoxe que nous vivons, soit nous DRH quand nous portons les politiques humaines, soit ce que vivent les managers de proximité quand ils gèrent leurs équipes, c’est de savoir si ces concepts sont une fin ou un moyen. Ce n’est pas toujours contradictoire : ils peuvent être les deux, la fin et les moyens, c’est la difficulté de la mise en œuvre de l’humanisme dans le management. Cela peut représenter une ambigüité. L’humanisme est-il un principe ou un discours ? Si c’est un discours, on va vers du conformisme et il n’est pas sûr que cela porte ses fruits en termes d’efficacité. Si c’est un principe, comment le gère-t-on en situation difficile, en situation de crise, en situation de tensions sociales ?

 

L’humanisme reste un idéal avec des difficultés de mise en pratique. Peut-on réellement faire le lien entre humanisme et management ?

Jean-François CHANLAT : Personnellement, je ne vois pas d’opposition entre humanisme et management. Le grand idéal sur lequel notre société est fondée est quand même, comme l’a rappelé Alain ANQUETIL, cet idéal qui a été inscrit avec l’avènement de la Révolution française : liberté, égalité, fraternité, idéal de la modernité du . Il reprend certains éléments qui remontent aux Grecs et c’est pour cela que l’humanisme antique est aussi important. Comme le rappelait en effet Castoriadis, la démocratie est quelque chose de fondamental, c’est l’expression du social historique de notre civilisation. On essaye d’arriver à cela, et au cœur de cette question d’une société apaisée, où tout le monde devrait se développer à sa juste mesure parce c’est cela en définitive notre idéal, dans la tolérance, le respect et le développement du progrès et de la culture cette question là a été quelque peu perturbée avec la révolution industrielle, et sa logique économique, notamment sa logique marchande, qui s’est imposée parfois de façon très violente au niveau des individus et des groupes. Au cours du XIX siècle, on a vu les mouvements sociaux se constituer pour réguler justement les travers de l’économique mise en place. Comme l’a rappelé le grand anthropologue de l’économie, Karl Polanyi, la logique marchande est en effet une logique qui par soi-même a tendance à vouloir s’autonomiser du social, du politique, donc de la société. Or, comme c’est « trop souffrant », on assiste à des mouvements de « ré-encastrement régulier ». On voit bien que si l’humanisme est toujours là, il s’est retrouvé dans une tension terrible. Puisque ma posture est inspirée par celle de l’anthropologie, je rappellerai avec Louis Dumont que pour la plupart des sociétés, qui nous ont précédés, c’était le rapport entre les hommes qui était le plus important. Or, nous, dans ce que nous avons fait advenir avec la modernité et surtout la modernité tardive l’industrialisation, c’est le rapport des hommes aux objets, qui est devenu plus important que le rapport des hommes entre eux … D’ailleurs si l’usage du terme ressources humaines voulait signaler que les gens étaient importants d’un point de vue économique, en évacuant les personnes, on a fini par les traiter en objets, et donc comme du stock. L’humanisme dont on parle ici en a parfois pris un coup, pour ne pas dire un peu ébranlé.

 

Chez Com’ sur Mesure, l’humanisme est d’ailleurs une valeur centrale, comme le rappelle souvent Anne-Marie Martiny, fondatrice et codirectrice de la société.“ "Depuis près de vingt ans, nous avons toujours tenu compte des personnes et de leur individualité. Essayer de les comprendre pour mieux les appréhender et proposer des formations adaptées, bienveillantes, où l’humain est mis au centre du processus. Il est essentiel de créer du lien, entre clients, formateurs et apprenants, d’être à l’écoute des besoins de chacun. C’est fondamental pour moi.” 

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